Dans n'importe quelle petite communauté, il y a certains établissements qui semblent incarner la vie de la communauté. Il peut s'agir d'une église ou d'une école, mais parfois, c'est un magasin. À Creighton, les églises et l'école sont des éléments très importants de la vie dans la communauté, mais le magasin Kelly's Store est aussi une partie importante des premières années du village.
James C. Kelly ouvre son magasin au 1, rue Mary, à Creighton Mine, le 1er juin 1908. Il est le premier commerçant inscrit qui s'installe à Creighton. Il y a un bureau de poste dans un petit bâtiment à charpente de bois construit par la compagnie, mais celui-ci déménage bientôt dans le magasin de M. Kelly. De 1908 à 1940, J. C. Kelly offre des services personnels aux citoyens de Creighton. À l'époque, la Canadian Copper Company, qui fait partie de l'International Nickel Company, est propriétaire de tous les bâtiments de la ville. La compagnie doit approuver l'ouverture du magasin.
Le premier minerai est envoyé de la mine en 1900. Les fournitures pour le nombre croissant de mineurs et pour les pensions de Creighton sont, à l'origine, apportées par le Algoma Eastern Railway de Sudbury. M. Kelly voit là une occasion de faire de l'argent en offrant aux mineurs un endroit où acheter des vêtements de travail et en donnant une occasion aux pensions de voir ce qu'elles achètent sans passer une journée complète à voyager pour se rendre à Sudbury. À mesure que plus de familles s'installent dans la ville grandissante, l'entreprise de M. Kelly croît aussi.
M. E. Cretzman père arrive à Creighton avec ses parents en 1906. Dès qu'il est assez vieux pour échapper à la supervision de Mlle Black, il travaille au magasin de M. Kelly. Durant une entrevue, en 1977, M. Cretzman se souvient de l'électrification de Creighton et du magasin. Il dit que c'était bizarre de voir tous les câbles passer sur la surface des murs et du plafond, mais que lorsqu'on allumait la lumière, c'était presque un miracle. Les génératrices qui fournissent l'électricité appartiennent à la compagnie. Certains citoyens se souviennent que le coût de l'électricité était de 0,20 $ par mois pour chaque ampoule.
C'est sans doute un véritable défi que de travailler dans un magasin au cours des premières années, à Creighton. On doit servir les clients dans leur langue maternelle et, à ses débuts, Creighton est une communauté plurinationale. Une femme qui travaillait dans l'un des premiers magasins se souvient que les filles devaient parler anglais, finnois et ukrainien.
M. Cretzman se souvient que les filles se rendaient chez les clients du magasin, matin et soir, pour prendre des commandes. Plus tard, on livrait les épiceries avec un cheval et un chariot. La livraison était particulièrement importante puisque l'on achetait souvent la farine en sacs de 100 livres, et très peu de familles de Creighton possédaient leur propre cheval, encore moins une voiture. De nos jours, l'entreprise de taxi de Walden-Nickel perpétue cette tradition pour les aînés et les personnes confinées à la maison.
Un reçu du magasin Kelly's Store, daté de juin 1913, montre une transaction type : Johannus Lahti y achète 4 verges d'étoffe à 3 $, du fil à 0,40 $, du tabac sans fumée à 1,15 $ et du savon à 1 $. Il avait déjà porté 6,20 $ à son compte. Le total est de 11,95 $. Il paie en donnant à M. Kelly un sac de pommes de terre (probablement un sac de 100 livres) à 6,50 $ et 10,20 $ de beurre à 0,60 $ la livre. Cela lui donne un crédit de 4,75 $.
Le magasin de M. Kelly n'est qu'un des magasins de Creighton. Les citoyens ne sont pas prêts d'oublier les magasins Fievoli's, Tony Carlo, Lando Vagnini, Jaworski's, Magill's, Fera's et les autres qui faisaient jadis partie du paysage à Creighton.
Information compilée à partir de The Walden Observer et Archives des musées du patrimoine du Grand Sudbury.